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Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron appelle à un « sursaut » pour assurer la « défaite » de la Russie

Volodymyr Zelensky n’était pas à Paris, lundi 26 février, pour le sommet organisé en soutien à l’Ukraine, mais ses mots, à distance, ont résonné dans l’Elysée. Dans la journée, le président ukrainien a déploré n’avoir « malheureusement » reçu que 30 % du « million d’obus que l’Union européenne » (UE) avait « promis » à son pays.
« Force est de constater que nous n’avions pas ce million », a admis, en soirée, Emmanuel Macron, évoquant un « engagement imprudent » de l’UE, lors d’une conférence de presse clôturant cette réunion internationale organisée par le président français.
« Nous sommes à coup sûr au moment d’un sursaut qui est nécessaire de notre part à tous », avait-il lancé à l’ouverture de ce sommet devant plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement européens, dont le chancelier allemand, Olaf Scholz, les présidents polonais, Andrzej Duda, et slovaque, Robert Fico, ainsi que le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, et des représentants américain et canadien.
Pour autant, « nous avons la conviction que la défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et à la stabilité en Europe », a énoncé Emmanuel Macron. Il a énuméré plusieurs mesures pour amplifier l’effort en faveur de l’armée ukrainienne, au moment où le conflit vient d’entrer dans sa troisième année et où l’aide américaine, cruciale pour Kiev, est bloquée au Congrès par les partisans républicains de Donald Trump.
Le président français a parlé d’un engagement à « produire plus » d’armes européennes, et a annoncé la création d’une « coalition pour les frappes dans la profondeur » afin de fournir à Kiev des « missiles et des bombes de moyenne et longue portée ». Il a également expliqué que « beaucoup de pays européens et non européens, qui ont des munitions disponibles », avaient été « démarchés ».
Selon le premier ministre tchèque, Petr Fiala, une quinzaine de pays se sont dits prêts à rejoindre une initiative de Prague pour que l’UE achète des munitions hors d’Europe afin de mieux soutenir l’effort de guerre ukrainien. « C’est un message très fort envoyé à la Russie », s’est-il félicité. La France y participera, tandis que le premier ministre néerlandais (démissionnaire), Mark Rutte, a évoqué une contribution de son pays de « plus de 100 millions d’euros » à ce plan tchèque.
Les pays représentés à l’Elysée doivent maintenant se retrouver autour des ministres de la défense et des affaires étrangères français pour « décliner opérationnellement » ces initiatives. « Dans dix jours, nous aurons une réponse claire avec un agenda sérieux », a promis Emmanuel Macron, qui doit se rendre en Ukraine d’ici à la mi-mars.
Surtout, le président français s’est montré plus offensif que jamais lorsqu’il a été interrogé sur la possibilité que des pays occidentaux décident d’envoyer des troupes sur le sol ukrainien – une option évoquée, pour la dénoncer, par le premier ministre slovaque. « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a affirmé M. Macron.
Le chef de l’Etat n’a pas souhaité en dire plus sur la position de la France sur cette question, évoquant une « ambiguïté stratégique que j’assume ». Mais « je n’ai absolument pas dit que la France n’y était pas favorable », a-t-il prévenu. « Je ne lèverai pas l’ambiguïté des débats de ce soir en donnant des noms. Je dis que ça a été évoqué parmi les options », a-t-il ajouté. Cette hypothèse n’avait, jusque-là, jamais été mentionnée par Paris.
« Beaucoup de gens qui disent “jamais, jamais” aujourd’hui étaient les mêmes qui disaient “jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée” il y a deux ans, a expliqué Emmanuel Macron. Ayons l’humilité de constater qu’on a souvent eu six à douze mois de retard. C’était l’objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c’est utile pour atteindre notre objectif. »
« La guerre contre la Russie serait une folie », a réagi, sur la plate-forme X, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, jugeant « irresponsables » les déclarations de M. Macron. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a, lui, dénoncé une « inquiétante légèreté présidentielle » sur le même réseau social : « Soutenir la résistance ukrainienne, oui. Entrer en guerre avec la Russie et entraîner le continent. Folie. »
Depuis qu’il a reçu Volodymyr Zelensky il y a dix jours à l’Elysée pour signer un accord de sécurité bilatéral, le chef de l’Etat français peint un tableau très sombre des intentions de Vladimir Poutine et tente de se positionner en première ligne de l’appui apporté à Kiev. « Nous voyons, et tout particulièrement ces derniers mois, un durcissement de la Russie », « qui s’est malheureusement cruellement illustré avec la mort d’Alexeï Navalny », le principal opposant russe, a-t-il réaffirmé lundi.
Il a également fait état d’un « consensus » chez de nombreux dirigeants et personnalités européens sur le fait « que d’ici à quelques années il fallait s’apprêter à ce que la Russie attaque » leurs pays. « Sur le front ukrainien, les positions sont de plus en plus dures et nous savons aussi que la Russie prépare des attaques nouvelles, en particulier pour sidérer l’opinion ukrainienne », a-t-il averti. Les Ukrainiens accumulent depuis quelques semaines les revers dans l’Est, notamment avec la perte il y a plus d’une semaine de la ville forteresse d’Avdiïvka et, lundi, leur retrait du village de Lastotchkyne, à proximité.
Pour la présidence française, la conférence de Paris visait donc à « contredire l’impression que les choses sont en train de se déliter, de réaffirmer que nous ne sommes pas fatigués et que nous sommes déterminés à faire échec à l’agression russe ». M. Macron a néanmoins rappelé que les alliés de l’Ukraine n’étaient « pas en guerre avec le peuple russe », mais qu’ils ne voulaient « simplement pas les laisser gagner en Ukraine ».
Le Monde avec AFP
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