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La France « ne prévoit pas de nouveau versement » à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens au premier semestre 2024

Après les Etats-Unis, l’Australie ou encore le Royaume-Uni, c’est au tour de la France d’annoncer, dimanche 28 janvier, la suspension momentanée de son aide financière à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Ces différentes annonces interviennent après des accusations portées contre des employés de l’UNRWA qui pourraient avoir été impliqués dans l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
« La France n’a pas prévu de nouveau versement au premier semestre 2024 et décidera le moment venu de la conduite à tenir en lien avec les Nations unies et les principaux donateurs [dont fait partie Paris, avec 60 millions d’euros versés en 2023 à l’UNRWA] », affirme dans un communiqué le ministère des affaires étrangères, évoquant des accusations d’une « exceptionnelle gravité ».
Plus tôt dans la journée dimanche, le secrétaire général des Nations unies avait exhorté les pays ayant suspendu leur financement à l’agence onusienne, dans la tourmente, à « au moins garantir » la poursuite de ses opérations, essentielles à deux millions de personnes.
L’agence, au cœur de l’aide humanitaire à Gaza, a annoncé vendredi s’être séparée de plusieurs employés accusés d’être impliqués dans l’attaque perpétrée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, sur la base d’informations des autorités israéliennes. Dès cette annonce, les Etats-Unis avaient annoncé la suspension de toute aide additionnelle à l’UNRWA, suivis par plusieurs autres pays, dont l’Italie, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni, la Finlande et l’Allemagne. Dimanche soir, le Japon est devenu le neuvième pays à annoncer suspendre son financement à l’agence onusienne. La Norvège a en revanche fait savoir qu’elle maintenait son financement.
« Bien que je comprenne leurs inquiétudes – j’ai été moi-même horrifié par ces accusations – j’exhorte vivement les gouvernements qui ont suspendu leurs contributions à au moins garantir la continuité des opérations de l’UNRWA », a plaidé Antonio Guterres dans un communiqué.
« Deux millions de civils à Gaza dépendent de l’aide critique de l’UNRWA pour leur survie au quotidien mais le financement actuel de l’UNRWA ne lui permettra pas de répondre à tous les besoins en février », a-t-il insisté.
« Les présumés actes abjects de ces employés doivent avoir des conséquences. Mais les dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui travaillent pour l’UNRWA, beaucoup dans des situations parmi les plus dangereuses pour des travailleurs humanitaires, ne devraient pas être pénalisés. Il faut répondre aux besoins urgents des populations désespérées dont ils s’occupent », a ajouté le secrétaire général de l’ONU.
Il a confirmé, comme l’avait fait savoir Washington, que douze employés de l’UNRWA étaient concernés par ces « accusations extrêmement graves » qui font l’objet d’une enquête interne de l’ONU. L’UNRWA s’est séparée de neuf d’entre eux, un est « confirmé mort », et les identités de deux autres sont « en train d’être clarifiées », a-t-il précisé.
« Tout employé de l’ONU impliqué dans des actes terroristes devra rendre des comptes, y compris dans le cadre de poursuites criminelles », a-t-il assuré, promettant sa coopération avec les autorités compétentes.
Une experte indépendante de l’ONU estime que ces suspensions violent la décision de la Cour internationale de justice (CIJ), et pourrait même violer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés, a rappelé que la CIJ avait ordonné de « permettre une aide humanitaire efficace » pour les habitants de la bande de Gaza.
Cette décision de plusieurs pays revient donc à « désobéir ouvertement à l’ordre de la CIJ ». « C’est une décision qui entraînera des responsabilités légales – ou bien qui verra la fin du système international de justice », a-t-elle écrit sur X.
Le Monde avec AFP
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